Spas autour du monde : Valladolid, Mexique
Dans cette nouvelle série mettant en vedette différents spas du monde entier, des auteurs invités nous transporteront ailleurs à travers des histoires de leurs aventures dans l’univers du mieux-être. Ouvrant le bal, Geneviève, rédactrice et éditrice au Groupe Nordik. Sans plus attendre, voici son expérience, dans ses propres mots, à sa façon :
Coqui Coqui Spa — Photographe Meson de Malleville : Jose Manuel Rodriguez
Direction le Yucatán
Nous voici sous le soleil brûlant du Mexique, sentant la brise de l’océan, à quelques pas seulement de vestiges mayas, avec un taco dans une main et une Chelada dans l’autre. Dans un pays où beaucoup vont pour faire la fête, j’ai choisi d’éviter les lendemains de veilles difficiles et de choisir plutôt de revenir de mon aventure toute détendue — et je n’ai pas été déçue.
Après quelques heures de conversation dans un espagnol douteux avec un merveilleux chauffeur de taxi, j’ai troqué la jungle et les plages de Tulum pour la magie de Valladolid. En plein cœur du Yucatán, sous un soleil constant, se trouve une ville à l’architecture coloniale colorée et à l’histoire et à la culture préhispaniques. C’est dans cette ville que se trouve notre destination : Coqui Coqui.
La grande maison
Si vous vous rendez un jour à Valladolid, vous emprunterez sans aucun doute la Calzada de los Frailes, une superbe rue bordée de part et d’autre d’une collection de boutiques, de cafés et de restaurants peints dans des tons pastels de rêve : roses, oranges, bleus, verts et jaunes canari. La tentation d’entrer dans leur univers était grande, mais j’avais un rendez-vous que je ne pouvais pas manquer.
En passant devant la perfumeria Coqui Coqui et juste au coin d’un charmant café végan où j’ai dîné, vous trouverez la Mesón de Malleville. Bien que je ne le savais pas encore, cette beauté du XVIe siècle est l’ancienne maison des fondateurs de Coqui Coqui, Nicolas Malleville et Francesca Bonato. Des décennies de souvenirs ont été créées ici, et un certain sens de la révérence est accordé à l’espace.
Même de l’extérieur, on sent déjà qu’un monde complètement différent se cache à l’intérieur. La façade est d’un rouge profond qui contraste avec les tons pastel des bâtiments environnants, et laisse entrevoir la richesse de l’intérieur.
Derrière de grandes portes françaises noires se cachent des plafonds incroyablement hauts, des pièces presque encombrées de belles choses : meubles, antiquités, œuvres d’art, flacons remplis de parfums et de lotions aux parfums envoutants. Les murs sont peints dans des tons opulents. Émeraudes, rubis et saphirs à profusion.
Mon séjour dans le foyer est écourté lorsque quelqu’un vient me chercher pour m’emmener à mon traitement. Je passe devant toute cette abondance et j’arrive dans une cour intérieure rafraîchissante. Là, dans la chaleur de l’été yucatèque, des hamacs se balancent au gré de la brise, une fontaine scintille au soleil et une porte s’ouvre pour révéler la véritable oasis qui m’attend.
Exfoliée de la tête aux pieds
L’espace de traitement est étonnamment minimaliste. Les murs sont blanchis à la chaux, gris pâle, accentués par des antiquités noires et des draperies douces et vaporeuses. Il n’y a pas de musique, juste le murmure de la fontaine et des oiseaux tropicaux dans la cour. Arrivent Claudia et Léo. Ils seront mes guides pendant les 90 prochaines minutes. En partie esthéticiens, massothérapeutes et, je l’apprendrai bientôt, magiciens.
Avant de commencer mon rituel d’exfoliation et de bain botanique, j’ai appris que les Mexicains sont un peu moins pudiques que les Canadiens. Donc, après m’être dévêtue, avec deux morceaux de mousseline douce (et très petite) soigneusement positionnés, je sonne la cloche et tout commence.
L’exfoliation à quatre mains n’est pas une expérience que je m’attendais à vivre. J’ai peut-être lu la description en ligne, assise à mon bureau à Gatineau, mais une fois au Mexique, sur la table de traitement, je n’ai plus aucune idée de ce qui m’attend. Un mélange chaud et sucré recouvre presque chaque centimètre carré de ma peau. Du bout de mes orteils jusqu’à mon cuir chevelu. Je suis, faute de meilleurs mots, polie, lustrée, poncée, bref super exfoliée.
Les deux artisans prennent leur temps pour masser le mélange dans mon dos. Une fois tournée, avec les mousselines toujours plus ou moins en place, Claudia se concentre sur mes épaules avec un massage incroyable tandis que Léo redonne vie à mes jambes fatiguées d’avoir escaladé la pyramide Maya Ek’ Balam un peu plus tôt dans la journée.
Une fois que je suis entièrement exfoliée, j’entends distraitement de l’eau ruisseler. Claudia me drape dans un peignoir luxueux et me guide vers celle-ci. La douche est réglée à la température et à la pression parfaites et, juste comme ça, je me défais de la première étape de ce traitement incroyable.
Lorsque je reviens dans la chambre vide, il y a un nouveau drap propre sur le lit ainsi que deux mousselines fraîches. Je sonne la cloche et Claudia et Léo réapparaissent aussitôt.
Bien emmitouflée
Je sens ce que je présume être une riche crème hydratante massée sur ma peau. Une fois de plus, aucun endroit n’est oublié, même entre mes orteils! Alors que Claudia me masse le visage, j’arrête de résister à la tentation : je me lèche les lèvres. Je découvre donc que je suis recouverte d’une épaisse couche de miel ambré local et d’aloe vera frais, cueilli dans leurs jardins. À ma grande surprise, ça ne me dérange pas du tout d’être toute collante, c’est même plutôt agréable.
Encore couverte du mélange de miel, je suis enveloppée dans des couvertures pesantes. C’est alors que je prends un moment pour remercier silencieusement l’unité de climatisation cachée et les ventilateurs au-dessus de moi qui me permettent de profiter de ce moment alors qu’il fait 40 degrés dehors.
Ce n’est pas parce que je macère dans mon cocon hydratant que mes deux magiciens arrêtent leur travail. Léo découvre et masse mes pieds comme ils ne l’ont jamais été auparavant, tandis que Claudia me fait un soin du visage incroyablement complet et un massage capillaire.
Au bout d’un moment — je ne peux pas vous dire combien de temps, le temps vous échappe dans ce genre de situation — je sors finalement de ma chrysalide comme un petit papillon détendu, doux et très collant, mais bien heureuse.
Un bain digne de la royauté
Après ma deuxième douche, on me dirige vers une grande baignoire en cuivre martelé remplie d’une eau parfaitement tempérée. Léo et Claudia y ajoutent de la chlorophylle, de la vanille, de la crème de coco et l’huile de fleur d’oranger signature de Coqui Coqui. Ça me rappelle beaucoup ce dans quoi je suppose que Cléopâtre prenait son bain.
À côté du bain, il y a un service à thé personnalisé et du miel, que je soupçonne être le même genre que celui dont j’ai été couverte tout à l’heure. Ils ont choisi ce mélange spécialement pour moi, pour aujourd’hui, pour ce rituel. Il a un goût floral et herbacé, presque médicinal, mais d’une manière qui vous fait du bien. C’est, comme on dirait, ma tasse de thé.
J’ai presque une demi-heure pour me prélasser dans le bain et écouter la tempête tropicale qui commence à l’extérieur. Mes deux nouvelles personnes préférées ont quitté la pièce, mais restent tout près, au cas où j’aurais besoin de quelque chose. C’est le bonheur total. Une fin parfaite à une expérience incroyable.
C’est sans aucun doute le genre de rituel que j’ajouterais à ma routine de bien-être s’il n’était pas à plus de 5506 kilomètres de chez moi.
Pour l’instant, je vais continuer à me faire dorloter un peu plus près de chez moi. Il y a de la beauté à découvrir tout autour de nous, que ce soit dans un monde lointain ou dans notre jardin. Où devrions-nous aller maintenant? Ici ou ailleurs?