Demandez aux experts : une entrevue sur le bien-être, les saines habitudes et la santé
Fraîchement sortie d’une séance de yoga, Audrey nous accorde gentiment un moment dans son horaire chargé de doctorante en psychologie clinique à l’Université d’Ottawa. Au jour le jour, elle travaille comme thérapeute sous la supervision d’une psychologue agréée en Ontario. Aujourd’hui, elle accepte de répondre à nos questions dans cette toute première entrevue de notre série sur le bien-être et la santé.
Selon toi, comment se porte la santé mentale dans notre société?
On parle de plus en plus de santé mentale. Les médias sociaux sont inondés d’informations publiées par des professionnels ou autres. Il y a davantage de financement et les milieux de travail sont plus ouverts à la conversation. D’un côté, c’est du positif, car il y a moins de stigmatisation. En même temps, l’accès aux soins reste difficile à cause de barrières systémiques comme les longues listes d’attente au public et les coûts élevés au privé. Les gens qui ont besoin d’aide ont du mal à en trouver. Nous sommes à un stade étrange, où il est beaucoup plus facile qu’avant de parler de santé mentale, mais où il n’y a pas vraiment d’actions concrètes de posées. (Pour l’instant!) Cela étant dit, de façon individuelle, il est important de s’engager dans une démarche pour améliorer notre propre santé mentale et mieux gérer la surcharge et le stress quotidien.
Qu’est-ce le mieux-être?
Il s’agit d’habitudes qui favorisent le bien-être physique, mental et spirituel. En d’autres termes, on parle aussi « d’autosoin ».
Si tu avais une seule recommandation à faire en matière de bien-être, laquelle choisirais-tu?
Bougez pour calmer votre esprit. Faites de l’activité physique en aérobie et en anaérobie. Pratiquée de façon régulière et éclairée, ce genre d’activité augmente la production de neurotransmetteurs dans votre cerveau (la sérotonine, par exemple) ; ils sont bénéfiques pour la santé mentale. L’activité physique a un effet protecteur contre certains problèmes comme les troubles de l’humeur et l’anxiété. Il faut aussi calmer vos pensées, les mettre de côté. La méditation est une bonne façon de le faire. Elle atténue le stress et régule le système nerveux. En se détachant de nos pensées et de nos émotions, il est plus facile de les observer dans le moment présent, sans jugement. C’est ce qu’on appelle la pleine conscience ou « mindfulness. »
Et si tu avais une deuxième recommandation à faire?
Vivez selon vos valeurs. Prenez le temps de réfléchir à ce qui est important pour vous dans la vie. De quelle façon pouvez-vous inclure davantage de ces bonnes choses dans votre quotidien? Il faut choisir, on ne peut pas prioriser 15 valeurs en même temps! L’adoption d’habitudes qui vous font du bien vous guidera au jour le jour. Finalement, l’accumulation de moments positifs qui concordent avec vos valeurs vous fera profiter d’une vie satisfaisante, pleine de sens.
Par où devrions-nous commencer notre parcours vers le mieux-être?
Il faut d’abord prendre conscience de nos pensées et de nos émotions au moment présent. Pour bien des gens, c’est plus difficile qu’il n’y paraît. Plusieurs d’entre nous vivent en mode « autopilote ». Nous naviguons d’une obligation à l’autre sans grande conscience de l’instant présent. Il est essentiel de porter attention à vos pensées, à vos sentiments et à vos actions pour découvrir ce qui vous fera du bien (démissionner d’un emploi insatisfaisant, investir plus dans une amitié, prendre le temps de vous entraîner pour vous sentir plus en contrôle, restreindre les contacts avec les gens qui tirent plus d’énergie qu’ils n’en donnent, etc.). Ces gestes nous rapprochent de nos valeurs et nous aident à réorienter notre vie en fonction d’elles. Donc, pour plusieurs, c’est ce qui est le début de la démarche vers le mieux-être. Ensuite, on peut aller plus loin en apprenant à mieux gérer nos émotions, à communiquer nos besoins pour créer des relations plus solides et durables, à vivre selon nos valeurs, à nous adapter aux situations qui nous sortent de notre zone de confort, à nous dépasser, et bien plus.
Peux-tu nommer une bonne habitude que les gens ont peut-être déjà sans nécessairement savoir qu’elle contribue à une bonne santé mentale?
En général, le fait d’être à l’écoute des besoins de notre corps (et non de ses désirs) est bon pour la santé. Si tu fais quelque chose qui te fait du bien, à long ou à court terme, alors c’est probablement bon pour ton bien-être et ta santé mentale! Faites ce que vous aimez, par exemple, de la peinture, du vélo, passer du temps entre amis ou vous confier à une personne de confiance.
Quelle est ton activité préférée? À quoi ressemble la routine mieux-être d’une thérapeute?
Ces dernières années, je réussis mieux à être constante dans ma pratique de l’activité physique. Pour moi, c’est essentiel de trouver des façons agréables d’être active. Je me suis rendu compte que les salles d’entraînement avec haltères et machines cardio n’étaient pas pour moi. Quand je prévois ce type de séance, j’ai tendance à me désister, puis à me sentir coupable. Ce qui fonctionne pour moi, c’est l’entraînement de groupe et les liens qui sont ainsi formés. J’ai donc changé ma façon de voir l’activité physique. J’ai fait du crossfit en groupe pendant un certain temps. Maintenant, je laisse plus de place au yoga. J’aime être avec d’autres personnes et avoir un entraîneur pour me guider. Pour moi, c’est plaisant et c’est plus facile de vraiment m’investir à long terme. Je conseille donc de trouver ce qui fonctionne pour vous, si c’est le vélo qui vous allume, roulez! Il n’y a pas de formule unique pour l’atteinte du bien-être.
Est-ce que tu aimerais inclure d’autres activités à ta routine de mieux-être?
Pour moi, la prochaine étape est de garder mes bonnes habitudes. Je suis très spontanée. C’est bien dans certains contextes, mais pas terrible pour l’organisation! Je souhaite créer des habitudes qui m’aident à stabiliser mon horaire, à me sentir moins désorganisée et plus sereine. Je crois que ça me permettrait d’inclure encore plus d’activités qui me font du bien à ma routine ; des loisirs créatifs par exemple.
Un mot de la fin? Une touche de sagesse pour quiconque veut se lancer sur le chemin du mieux-être?
La quête du bien-être ne se termine jamais. C’est une question de temps et d’effort, de curiosité et d’amour-propre. Le parcours peut parfois sembler trop difficile, mais au bout du compte, les efforts en valent la peine, dans le moment présent, mais surtout à long terme. Vous méritez de vous sentir mieux, allez-y, vous êtes capable!
Si vous souffrez de problèmes mentaux graves ou chroniques, l’intégration d’habitudes favorisant le mieux-être dans votre vie peut certainement vous aider. Toutefois, cette démarche ne sera peut-être pas suffisante pour faire disparaître les symptômes. Il est donc recommandé d’avoir recours à de l’aide professionnelle en santé.